Écrire et faire lire

Élégie pour ma survie

Ici, tout est devenu gris

Les villes, les cieux et la vie

 

Les routes ont été creusées par les obus

Mais peu importe, car plus aucune voiture ne roule

Et les piétons ne sortent plus dans les rues

Alors c’est égal si les trottoirs s’écroulent

 

Des faubourgs, églises et musées bombardés

Des feux d’artifice pourtant ce n’est pas la fête

Ici ça fait quelque temps que y’a plus d’idées

Ce sont des balles qui trottent dans la tête

 

Toujours plus de barricades

Peu à peu les bâtiments s’allument

Vapeurs toxiques qui s’évadent

C’est notre liberté qui brûle

 

 

Pris sous ce règne 

Les esprits saignent   

 

Les hommes ont remplacé les anges entre les nuages

De là-haut ils choisissent qui doit mourir

Détournent le sort, changent la vie et ses rouages

Et prennent un malin plaisir à tout détruire

 

Ces imprésarios profèrent des malédictions

Les villes sont en train de se péricliter

Ici il n’y a pas de commisération

N’allez pas accuser la fatalité

 

 

Les corps s’étreignent

Les cœurs s’éteignent

 

C’est le sang d’un homme que l’on voit sur les écueils

Un soldat le contemple comme s’il était une proie

Il n’a pas la larme au coin de l’œil

Mais la lame au bout des doigts 

 

Danse macabre des ombres

Dans ce massacre des hommes

Quelques âmes errent encore dans les décombres

Au milieu des nuées d’uranium

 

 

Armes à calibrer

Âmes à libérer

 

Plus de coups bas, plus de coups de foudre

Il n’y a plus que des coupables et des coups de feu

Une volonté de tout dissoudre

À laquelle ne résiste aucun amoureux

 

Habillés de courroies et de chaînes

Poumons obstrués par la braise

Nos corps sont en quarantaine

Notre vie entre parenthèses

 

 

Encre sur leurs bras

Bleu sur mes doigts

 

Les balles filent à travers le ciel

Et nous on fait toujours le même vœu

Pourvu que ce ne soit pas réel

Tout le monde veut croire à un avenir radieux

 

On a déjà assez ramé, assez souffert

Nous aussi on a des rêves à poursuivre

On est fatigué d’être prisonnier de cette galère

Nous aussi on a le droit de vivre

 

Pages griffonnées dans le noir

Je suis un trafiquant d’amour

Ne jamais cesser d’y croire

L’espoir c’est un toujours.